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20 Avril, Journée de l’enfant talibé : la parabole du colibri

20 Avril, Journée de l’enfant talibé : la parabole du colibri
20 avril 2014, 11:34

03 Mars 2013, le Sénégal dans toutes ses composantes semblait découvrir pour la première fois l’injustice sociale dont sont victimes les enfants talibés. Ce jour là, 9 bouts de bois de Dieu périrent dans les flammes d’une dâra de fortune, une dâra insalubre, hors normes, une dâra laissée pour compte. Une dâra comme il en existe hélas des milliers au Sénégal, connues et sues de tous.

Au drame, succéderont la consternation et l’ire généralisées du peuple sénégalais : gouvernement, classe politique, société civile, journalistes, citoyen lambda, tous, ce jour là, à l’unisson dans un élan rare, exprimèrent leur indignation profonde. Le gouvernement sénégalais ira jusqu’à proposer l’interdiction de toute mendicité d’enfants dans les rues.

Aujourd’hui, un an après, cette indignation s’est réduite en peau de chagrin, et le mal persiste. Notre indignation a laissé place à notre léthargie, à notre indifférence habituelle.

Et pourtant, nous sommes bien tous responsables de cette situation. Oui, chacun à son niveau, de l’État à moi-même, en passant par les maîtres coraniques, les parents, la société civile. Aucun citoyen donc, aucun, n’a ni le droit de fermer les yeux, ni se contenter d’une indignation ponctuelle en portant la responsabilité sur autrui. Le vrai courage n’est pas de dire les choses, c’est de les faire.

C’est du reste en substance la portée de la sagesse prophétique suivante : « Quiconque constate un fait blâmable doit intervenir pour le corriger par la main, s’il n’est pas capable qu’il le fasse par la langue, s’il n’en est pas capable qu’il le désapprouve en son for intérieur, c’est là le degré le plus faible de la foi ». Muslim

Faire les choses, oui, mais de manière cohérente et dans la droite ligne des orientations définies par l’État du Sénégal. Voici les raisons qui ont présidé à la création de l’association AMÂNA. Association à but non lucratif fondée en 2009, AMÂNA se donne entre autres objectifs l’amélioration des conditions de vie et d’éducation des enfants démunis et la sensibilisation des Sénégalais sur leur responsabilité quant au sort des enfants talibés.

Nous ne reviendrons pas ici sur la cacophonie des chiffres avancés çà et là, qui s’explique grandement par la difficulté à dresser les différents profils d’enfants de la rue et en précarité scolaire « 1 ».

Nous sommes heureux de constater que le Gouvernement actuel sénégalais, dans ses objectifs stratégiques (Plan stratégique pour l’éducation et la formation -PAQUET 2013-2025-) entend mettre en place un cycle fondamental d’éducation de base de 10 ans (primaire, moyen, secondaire) qui intégrera pleinement les dâras.
Par ailleurs, à travers l’inspection des dâra, l’État encourage l’érection de dâras modernes par la subvention de dâras éligibles (critère principal : interdiction de toute forme de mendicité du talibé)
Une initiative très salutaire à laquelle nous souscrivons, mais qui, nous semble-t-il ne règle le problème que partiellement « 2 ».

En effet, même si toutes les dâras du Sénégal étaient subventionnées (ce qui est loin d’être le cas) et que les enfants ne sortent plus mendier (ce qui l’est encore moins), que vont-ils faire de leurs dix petits doigts une fois adultes ? Avec un niveau d’instruction insuffisant, la plupart sont condamnés et livrés à eux mêmes.

Notre souhait est que toutes les dâras du Sénégal deviennent des « Dâras AMÂNA ». Des dâras où ils apprennent réellement le Coran sans passer leur temps à errer dans les rues, des dâras où ils suivent le programme de l’enseignement primaire afin de pouvoir intégrer plus tard n’importe quel collège ou lycée, des dâras qui feront de ces enfants de citoyens accomplis dotés de la meilleure éducation qui soit, des citoyens acteurs de leur avenir et du rayonnement du Sénégal, notre Sénégal.
Ce souhait pourra se réaliser à la seule condition que chaque femme et homme sénégalais prenne la mesure de la situation et apporte sa pierre à l’édifice du vaste chantier de l’éducation, aux côtés de l’État.

Aucune initiative n’est à négliger. Ceci rappelle la parabole du colibri ; Celui-ci, devant la débandade des animaux après un incendie dans la forêt, prenait de l’eau dans son bec pour éteindre le feu. Quand les animaux l’interpelèrent sur l’inutilité de son geste, il répondit : « je fais ma part ».

Ô toi qui liras ce billet, fais tu bien ta part ? Fais tu bien ta amânah !

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« 1 » « 1/3 des enfants en âge d’aller à l’école sont en situation de déscolarisation (plus de 500 000 enfants). UNESCO, 2010. Le taux d’achèvement du primaire en 2013 est de 65% (PSE, 2014). Les talibés représentent au moins 100 000 enfants dans les dâras selon les chiffres les plus bas (usaid, 2010). »

« 2 » « D’autres initiatives sont aussi à saluer, même si leur impact reste mitigé : ratification de traités et de conventions internationaux, loi 2005-06 contre la traite des personnes, réglementation de la mendicité (art 245 code pénal), de PDEF, EPT et OMD, plan stratégique de développement des dâras, création du centre Guinndi… »

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